Suite du récit
La révolution
En 1931, la République a été proclamée.
L’Espagne était un
pays très catholique. L’Église dominait tout le monde. La révolution est partie
de Barcelone. Ça c’est passé très mal : l’église a été saccagée. Une
statue ne fait pas du mal. C’est idiot très idiot. Des religieux ont été tués.
On tirait partout. Je ne comprenais rien.
Le front s’est établi chez nous de septembre à novembre
1936. En novembre 1936, les
bombardements commençaient. On se réfugiait dans un tunnel de chemin de fer. La
sucrerie a été détruite.
Je suis parti. J’ai atterri à Caspe .Je suis
arrivé à Barcelone à pied, je n’avais qu’une paire de sandales.
À Barcelone,
j’ai retrouvé un copain de l’école. Pour manger, on volait. On allait au métro.
On dormait couché dans le creux. Personne ne donnait rien du tout. Durant 8
jours il y eut des bombardements tous les jours. Les avions venaient de
Majorque.
Alors je me suis dit on va aller à Lerida, Saragosse, pour revenir à
la Puebla. On est parti. On volait tout ce qu’on pouvait. On est arrivé à une
ville. Il y avait la propagande pour s’engager dans l’armée. On nous a habillé.
Je me suis échappé. On est arrivé à Lerida Marselias vers Lerida. On est resté
une semaine. Les brigades internationales étaient là. Il y eut 2 ou 3 jours de
bombardement. . On traverse un pont. Le pont explose. On a été projeté. Impossible d’aller plus loin. On va repartir
sur Barcelone. On est reparti vers Sitgès. On s’est arrêté à la Cava (Deltebre).
Là on nous a ramassé. Un bonhomme avec une charrette. Il nous a apporté chez
lui. C’était un laitier. Grâce à lui je suis encore en vie. Ils nous ont alimenté
, nous ont changé. Il nous a dit « vous allez travailler avec moi ».
On m’a appris à tirer le lait. Il y
avait un employé catalan qui ne parlait pas espagnol. On allait chercher
l’herbe à la plage. On est resté bien 6 mois. Et là, je tombe sur mon père et
ma mère, comme un miracle. Il y avait une fonderie pour fabriquer des armes à
las Garofas. Ils ont fait comme un petit tunnel, on dormait là. Une fois, une
bombe est tombée sur le refuge. Pendant la révolution, ils avaient fait des
collectivités. Mon père y travaillait. Mon beau-frère ( celui qui est en
Argentine), était dans l’intendance. Il récupérait le bétail gagné dans les
combats. Il a dit à ma mère « fais venir Armando, on mange des
moutons ». Ma mère m’a dit : « vas-y !». Mon beau-frère
était un animal, un abruti. On y va ! Au bout de trois ou quatre fois lui
restait et je partais essayer de récupérer ce qu’on pouvait. C’était très
dangereux. Il y en avait cachés dans le maquis pour nous flinguer. On est resté
7 à 8 mois. On était canardé régulièrement. Franco avançait du côté de Valence.
Il a fallu continuer vers frontière et
on est parti avec le bétail fin 1938.
En photos :
mon grand-père (Armando) et moi au dessus de Barcelone vers 2006
la constitution de la République espagnole de 1931
mon grand père (Armando), mon père (Jacques) et moi à Delterbre vers 2006